La formation d'un duo [solo]

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Dans une petite auberge, cachée dans les ruelles sombres du Port Alveus, l'ambiance était des plus chaleureuses. L'alcool et l'ambroisie enivraient les hommes et échauffaient leurs cœurs, dans un immense brouhaha empli de convivialité. C'est dans cette même ambiance qu'un archer, un garde-chasse, tentait de trouver un petit coin de calme, afin de reposer sa tête, et de profiter de son verre sans se faire maltraiter les tympans. Il sortait d'une longue mission, l'espace-temps qu'il avait parcouru dans l'après-midi avait mis ses nerfs à rude épreuve. Son stocks de potions et autres remèdes avait largement souffert, et il avait frôlé la catastrophe une fois ou deux. Alors, était-ce vraiment si compliqué de demander un peu de paix ?

Il soupira. Apparemment, oui. Un duo de guerriers, qui n'en étaient pas à leur premier verre - loin de là - se mirent même à hurler des chansons paillardes. C'en était trop pour lui, il fit glisser quelques pièces d'or à la première serveuse venue, et sortit de l'établissement. L'endroit était sympathique pour quiconque cherchait à festoyer. Pour les autres, c'était un enfer, promesse d'une douloureuse migraine. L'archer se mit en marche, en quête de la fraicheur du port, espérant que l'air marin lui ferait du bien. Soudain, des bruits derrière lui attirèrent son attention.

Se retournant d'un geste vif, ses boomerangs déjà en main, il vit ... Rien. Et bien, était-il déjà si fatigué qu'il se mettait à entendre des bruits ? Perdait-il déjà la tête ? Sur ses gardes, il reprit son chemin. Les risques de se faire attaquer, dans les villes pacifiées, étaient proches du néant absolu. Quelquefois, un énergumène ou un autre relâchaient des créatures scellées, se pensant capables de les affronter, et souvent, ils ne devaient leur propre survie qu'aux aventuriers plus expérimentés passant par là.

Les quais étaient en vue, les bateaux allaient et venaient, servant de passerelle entre la ville principale et des contrées bien plus dangereuses. Une des destinations proposées étaient une île de glace, où ne survivaient que les créatures qui avaient su s'adapter à ce froid extrême. On parlait là-bas de terribles affrontements, entre les Anges et les Démons, que la neutralité n'était qu'une douce utopie, et qu'il fallait se battre pour survivre, ou bien partir. La seconde zone desservie par les navires étaient un immense désert, les bateaux faisaient le tour de l'île afin d'éviter la traversée par le grand désert, bien trop périlleuse. Les échos qui en venaient parlaient d'étendues de sable, privées de toute eau ; d'habitants très secs malgré leur chaleur humaine, de créatures dangereuses, de soldats renégats, et de deux créatures toutes-puissantes, qui mettaient l'existence même du monde de Nostale en péril.

Cependant, notre héros ne se laissa pas rêvasser. Il avait entendu une seconde fois des bruits de pas le suivant, il en était sûr, il ne les imaginait pas. Il se retourna à nouveau en vitesse, avançant de quelques pas. Seul l'écho du silence lui répondit. Il posa une main sur son cœur, murmurant. Lentement, puis de plus en plus vite, son apparence se brouilla, avant de devenir celle d'un assassin. Ses dagues en main, le regard froid et sévère, il était devenu plus discret qu'une ombre, plus silencieux qu'un soupir. Il se glissa derrière un mur, et ne fit plus qu'un avec l'obscurité, il était devenu invisible.

Non loin, une forme semblait s'agiter. Celui qui la suivait avait compris qu'il venait de passer du rôle de prédateur à celui de proie. L'assassin s'approcha en silence, lentement. Un petit bout de tissu rose passa dans son champ de vision. Cible repérée. Un grappin glissa entre ses doigts, allant happer le morceau de vêtement. Un cri sur-aigu lui répondit, et la surprise put se lire sur le visage de l'assassin. Il dissipa son invisibilité, et observa ... La mage sacrée qu'il venait d'attirer dans ses filets.

Mage - Non mais, ça va pas non ! Vous auriez pu déchirer ma robe ! C'est vraiment pas sympa hein !

L'archer ne sut quoi répondre. Quelle pouvait bien être cette drôle de petite mage ? Car il en était sûr, c'était bien elle qui le suivait, le bruit de ses talons l'avait bien trahi.